Le tracé de ce train express régional traversent les banlieues défavorises de Dakar, où fleurissent les taudis et les bidonvilles.
Au Sénégal, en cette fin d’année, on ne parle que du petit train (TER) que le chef de l’État, Macky Sall vient de s’offrir en guise de jouet de Noël.
Cela dit, le cadeau est plutôt couteux, il n’a pas regardé la dépense le papa Noël de Dakar : pas moins de 780 milliards de Francs CFA !
Pour ce prix-là, il pouvait bien l’inaugurer en grande pompe, lundi dernier. Il en a profité pour demander à ses compatriotes d’en prendre soin et de veiller à sa propreté. Hors de question, comme dans les autres trains, de transporter dans les wagons du TER flambant neuf des moutons lors de la fête de Tabaski. Et pourquoi pas y faire un méchoui, pendant qu’on y est.
A l’origine, l’idée était de désengorger la capitale et de mettre fin aux bouchons monstrueux de Dakar. Et surtout de relier la ville nouvelle de Diamniadio, distante de 35 kilomètres, le plus vite possible. Résultat, le trajet par le rail s’effectue en vingt minutes. Le tout nouveau TER pourra ainsi transporter chaque jour quelques cent quinze mille passagers de cinq heures du matin à vingt-deux heures, grâce à quinze rames de quatre voitures chacune. Au passage, merci au constructeur français Alstom qui les a construites.
Déjà, quelques esprits grincheux se sont fait entendre pour faire remarquer que comparativement à d’autres lignes comparables dans d’autres pays, celle-ci présente un coût démesurément élevé. Les mêmes affirment aussi qu’en fait d’Express, le nouveau joujou est plutôt lent, atteignant que sur de rares tronçons la vitesse de 160 km/h. Mais on ne va pas briser les rêves de ce président amoureux des trains, qui en avait fait l’un des projets phares de son Plan Sénégal Emergent (PSE).
Mais quand même, à y regarder de plus près, qu’aperçoit-ton ? Que le tracé de ce train express régional traversent les banlieues défavorises de Dakar, où fleurissent les taudis et les bidonvilles, Et surtout que de nombreux particuliers dont on a exproprié le terrain, ou la maison, n’ont toujours pas été indemnisés, ou le cas échéant, mal. Tel cet habitant qui se plaint de n’avoir reçu que deux millions pour une maison de 160 mètres carrés, de huit pièces habitables. D’autres qui s’estiment lésés, proclament que cette réalisation « pharaonique » les laisse sans « toit, sans terres et sans travail ». Tel est l’envers du décor, façon village Pontemkine.
Mais lundi dernier, lors de l’inauguration, Macky Sall, n’en avait cure, on n’allait pas lui gâcher la fête pour si peu. Il n’avait d’yeux que pour la jeune et jolie conductrice du TER, qui à défaut de l’emmener au 7ème ciel, allait le conduire, lui et sa délégation de personnalités, à Diamniadio.
Il sera toujours temps, plus tard, de faire les comptes. Et aux contribuables sénégalais de payer cette petite folie. Après tout, depuis quand un président n’aurait-il pas le droit d’entretenir une danseuse ?
Ibrahima Thiam
Président du mouvement « Un Autre Avenir »