La dynastie qui nous gouverne semble être traversée par une sorte d’onde de dislocation tectonique, avec ses sorties intempestives des électrons libres de la majorité qui lancent des alertes, et n’hésitent plus à critiquer directement le chef ou leur compagnonnage avec lui. L’opposition se réveille et ose défier les interdits, un front social en ébullition avec cette grève au finish dans l’éducation nationale et ces bavures policières avec des lacrymogènes jetés dans une cours de récrée et ce véhicule mortifère de la gendarmerie qui roule à contre sens sur une autoroute.
Un écrivain français parlant de la fin de règne de François Mitterrand disait : « Les fins de règne diffèrent bien sûr selon les circonstances, mais en même temps, elles partagent quelque chose de commun. Elles cristallisent ce moment où le pouvoir échappe à son détenteur, où par mille détails, on réalise que le roi est nu…Des collaborateurs qui prennent leurs distances et demandent à être recasés, des langues qui se délient pour critiquer ouvertement ce que quelques mois plus tôt, personne n’osait dénoncer, le sentiment que le pouvoir n’imprime plus sa marque ni son influence, et que l’opinion et les médias ont déjà la tête ailleurs, les yeux rivés sur un possible successeur. »
Lorsque l’on prend connaissance de la réponse du premier ministre par rapport aux critiques sur la répression policière pour disperser la manifestation de l’opposition, on se rend compte que sa la lecture du respect de la loi est peu erronée, ou tout au moins partisane. Il a déclaré : « Je suis pour le droit, le chef de l’État aussi. Une marche autorisée, elle n’est pas réprimée. Quand on défie le droit, j’imagine, on peut s’attendre à des conséquences. » Mais manifester est un droit, pas un non-droit, la Constitution en son Article 10 déclare : « Chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses opinions par la parole, la plume, l’image, la marche pacifique, pourvu que l’exercice de ces droits ne porte atteinte ni à l’honneur et à la considération d’autrui, ni à l’ordre public. » Ce n’est pas marcher qui risque de porter atteinte à l’ordre public, c’est plutôt l’interdiction d’exercer ce droit, et une voix avisée, celle du Médiateur de la République Alioune Badara Cissé, disait il y a quelques jours « Une marche est seulement soumise à déclaration préalable…et qu’il a remarqué que s’il n’y a pas assez de policiers pour encadrer les marches, il y en a toujours assez, suffisamment, beaucoup trop pour les casser ».
Le député Moustapha Cissé Lô, parlant de notre justice nous dit : « Tous les citoyens ne sont pas traités au même pied d’égalité au niveau de la justice… Il n’y a pas de justice au Sénégal. C’est regrettable, mais le fait existe bel et bien. Les magistrats ne jugent pas équitablement et dans leur intime conviction. Ils font n’importe quoi, ils ne jugent pas la vérité. Toutes les décisions de justice rendues ne sont pas faites dans la vérité. » En tant que député et au cœur du système Macky Sall, ses paroles doivent nous interpeler.
Nous avons remarqué que les compagnons de premières heures de Macky Sall s’ils ne quittent pas le navire, ne sont plus au front pour défendre le régime et ceux qui s’y accrochent se disputent souvent des postes ou des avantages. Et tous les autres qui s’agitent maintenant autour du président de la République pour lui prédire une victoire dès le premier tour lors des élections présidentielles de février 2019, sont en général ceux qui l’ont rejoint par le train de la transhumance et comme on dit, le flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute.
Mais, les fins de règne sont souvent des périodes propices à la violence, c’est pour cette raison qu’Un Autre Avenir rappelle que le Sénégal nous appartient à tous et nous sommes condamnés à y vivre ensemble, ne nous laissons pas embarquer dans des « guerres » qui peuvent saper notre Unité et nous empêcher tout développement socio-économique.