« Faire la guerre, pour avoir la paix » : il y a une dissymétrie entre ces deux concepts qui d’ordinaire s’opposent sur un mode dualiste, ou tout au moins binaire : guerre et paix, guerre ou paix serait-il possible que l’une découle de l’autre ou que les deux puissent coexister en même temps sur un même territoire.
En lisant les interventions des uns et des autres, à travers les journaux et les réseaux sociaux, on se rend compte qu’il y a deux camps qui s’opposent suite aux récents événements en Casamance : celui de ceux qui poussent à la guerre pour avoir la paix et celui de ceux qui pensent que l’option de la guerre exclue la possibilité d’avoir la paix. D’ordinaire, les guerres se faisaient entre deux Etats différends, deux peuples différents, mais incompréhensible de se faire la guerre entre citoyens d’un même Etat ou membres d’un même peuple. C’est ce qu’on appelle une guerre civile pour la différencier de la guerre des armées. La Casamance est encore partie intrinsèque du Sénégal et les populations sur ce territoire sont des citoyens à part entière comme ceux qui vivent sur le restant du territoire national. Ceux qui théorisent la guerre en Casamance ne se fondent-ils pas sur des cas de conflits entre deux entités distinctes ?
Moi je suis de ceux qui pensent que faire la guerre totale en Casamance ne participe pas à créer les conditions d’avoir une paix durable. Il faut comprendre plutôt ce qui incite ou motive, une partie du peuple de Casamance de prendre une posture de guerre contre le pouvoir central ? Quelle devrait être la réponse d’un Etat qui a compris pourquoi une partie de sa population se révolte contre lui ? Ma modeste compréhension de ce conflit, me permet de savoir que le MFDC ne fait pas la guerre contre les Sénégalais, mais qu’il se rebelle contre l’Etat, il y a nuance.
Le discours des uns et des autres devrait se construire à partir des débats permettant de comprendre le fond de cette instabilité dans cette partie du pays, savoir pourquoi à chaque fois que la paix semble accessible, un événement inattendu vient effacer tous les efforts de dialogue et de paix ? Faire la guerre, c’est faire des victimes et laisser des séquelles sur les populations et sur la natures et aucune paix n’est capable d’effacer ou de faire oublier certains ressentiments et ceux qui vivent avec ces souvenirs auront difficile à pardonner. Les théoriciens de la guerre en Casamance nous donnent certaines justifications pour la légitimation de l’intervention de l’armée, mais ce qu’il faut savoir c’est qu’une armée qui protège son peuple (dont fait partie les Casamançais), peut intervenir partout sur le territoire national mais en mission de maintien de l’ordre, et pas en guerre contre les populations qu’elle doit protéger. A mon sens, il faudrait supprimer le vocable guerre dans les actions contre la rébellion en Casamance et dans la stratégie militaire et ne parler que de maintien de l’ordre ou de rétablissement de l’ordre dans cette partie du territoire sénégalais.
Mais le plus important c’est de repenser la politique territorial du Sénégal qui privilégie fortement l’axe Dakar-Thiès qui concentre toutes les infrastructures, l’essentiel de l’économie, et une grande partie des investissements de l’Etat. C’est la raison pour laquelle, en 2018, il y a encore une grande partie de Sénégalais qui n’a pas l’eau potable, qui s’éclaire à la bougie et se qui déplace sur des pistes ou des routes chaotiques, alors qu’il y a des autoroutes à 4 bandes entre Dakar-Thiès et l’eau du lac de Guiers traverse tout le Sénégal assoiffé pour donner à boire aux Dakarois. La seule guerre qui mérite d’être menée au Sénégal, c’est la guerre économique. La position de notre mouvement Un Autre Avenir dans la situation en Casamance c’est : « FAISONS LA PAIX, PAS LA GUERRE ».
Un Autre Avenir