Il y a comme cela au hasard du calendrier des similitudes qui peuvent surprendre. Au moment même en effet ou Ousmane Sonko, le chef du PASTEF, était entendu par le doyen des juges d’instructions de Dakar sur des motifs de viol et d’agression à l’égard d’une jeune femme dans un salon de massage de la capitale, éclatait une affaire de corruption qui ne manque pas de jeter le discrédit sur le palais présidentiel.
Dans le cas Sonko, l’affaire est suffisamment connue pour s’y attarder. Reste que son audition au palais de justice était attendue et qu’on a appris qu’il a refusé de se soumettre à un test ADN, ce qui est loin de lever les soupçons qui pèsent sur lui. S’il n’a rien à se reprocher que redoute-t-il ? Il a par ailleurs refusé de répondre à certaines questions du magistrat au motif « qu’il sera candidat à l’élection présidentielle dans 16 mois », et alors, cela fait-il de lui un citoyen au-dessus des lois ? Et bien sûr en ressortant des locaux du tribunal il n’a pas manqué de crier une nouvelle fois au complot. Celui-ci a bon dos.
La deuxième affaire, « un contrat secret signé avec un sulfureux vendeur d’armes nigérien » à propos d’armement acheté par le ministère de l’environnement sénégalais en janvier 2022, d’une valeur de 77 millions de dollars suscite de nombreuses interrogations et font peser les soupçons de corruption. Ce deal, en effet, à notre connaissance n’a fait l’objet d’aucun appel d’offres et sa valeur pourrait être surévaluée. Plusieurs voix s’élèvent déjà pour dénoncer un contrat opaque et s’interrogent « les gardes forestiers ont-ils réellement besoin de fusils d’assaut ? » Et en quoi le ministère de l’environnement est-il concerné, et pas plutôt les forces de sécurité ?
Ce sont là autant de questions gênantes auxquelles Macky Sall et les ministres concernés se refusent pour l’heure de répondre. Il leur faudra bien pourtant lever toute ambigüité dans les jours qui viennent.
En attendant ce moment, ces deux affaires montrent à quel point les mœurs civiles et politiques de certains responsables politiques sénégalais sont loin de la probité et la rigueur qu’on est en droit d’attendre d’eux. Ces individus sont loin d’être une valeur d’exemple pour notre société. Ils ne peuvent que susciter la méfiance alors même qu’ils se posent en recours pour diriger les affaires du Sénégal. Comment peut-on les respecter ?
Qu’ils ne s’y trompent pas, nos compatriotes ne sont pas dupes de leurs agissements et le moment venu ils leur signifieront leur mécontentement et leur refus à les voir gouverner le pays.
Ibrahima Thiam
Président du mouvement Un Autre Avenir