Il avait supprimé le poste en 2019 et il l’a restauré ces derniers jours, en invoquant ses fonctions de président en exercice de l’Union africaine depuis le mois de janvier de cette année. La belle excuse.
Il lui aura fallu trois ans pour réaliser qu’il lui était difficile de cumuler les deux postes, celui de chef de l’Etat et de chef du gouvernement. Aujourd’hui en découvrant la nomination d’Amadou Ba, on a envie de dire « tout cela pour ça ! ». Ce dernier en effet n’est pas un perdreau de l’année, on peut même dire que c’est un vieux routier de la politique : ancien ministre de l’économie et des finances, et également ancien ministre des affaires étrangères.
Macky Sall éprouve-t-il à ce point, aussi cruellement, des difficultés à renouveler le personnel politique, à faire appel à de nouveaux talents ? Et pourquoi avoir mis autant de temps pour désigner le Premier ministre : près de 8 mois après les élections départementales et municipales du 23 janvier dernier. Un mois de plus et nous aurions eu le temps de gestation nécessaire à l’arrivée de tout nouveau-né, or Amadou Ba est tout, sauf un nouveau-né de la politique.
Il est vrai qu’en dehors la gestion des grands dossiers, comme celui de l’emploi, ce dernier devra veiller à assurer une certaine stabilité politique dans le pays au moment où Macky Sall n’a pas la majorité parlementaire. Il devrait aussi, et c’est la mission essentielle et la plus périlleuse qui lui incombe préparer les esprits et surtout « bricoler » les institutions pour faire passer la pilule d’un troisième mandat présidentiel.
Et cette patate chaude, Amadou Ba, va devoir la tenir entre ses mains jusqu’en 2024, avec le risque de se griller les plumes.
Une façon pour Macky Sall, tel Ponce Pilate, de s’en laver les mains ! Néanmoins en bon républicain il est de mon devoir de souhaiter bon courage et bonne chance à Amadou Ba au moment ou il prend ses fonctions car son échec personnel signifierait aussi l’échec du pays.
Ibrahima Thiam
Président du mouvement Un Autre Avenir