Nous adressons tout d’abord nos condoléances à la famille du pêcheur tué par les gardes côtes mauritaniens, nos pensées à tous ceux qui sont encore détenus par la police mauritanienne. Nous exhortons les autorités sénégalaises à prendre toutes les mesures nécessaires afin qu’aucun autre pêcheur ne puisse perde sa vie en faisant son travail. Il est temps de faire des négociations sérieuses avec la République sœur de Mauritanie afin que l’activité de nos pêcheurs puisse continuer dans cette zone en respectant les lois des deux pays et garantissant la sécurité de tous. Je comprends la peine des jeunes de Guet Ndar, mais je lance un appel au calme à tous car entre nos deux pays il ne saurait y avoir des confrontations qui pourraient nous causer mutuellement du tort comme celles de 1986 qui continuent encore à hanter nos consciences.
L'établissement des zones économiques exclusives (ZEE) à la fin des années 1970 modifie les conditions d'accès des navires de pêche lointaine aux eaux désormais sous la juridiction des États littoraux. Ainsi depuis les côtes sénégalaises jusqu’à 12 milles, la souveraineté de notre pays s’exerce pleinement, d’après la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Cet espace devrait permettre à notre pêche nationale de se développer mais, souvent notre Etat le brade aux pays développés.
La politique de gestion de nos ressources halieutiques est caractérisée par un manque de transparence tant sur les aspects financiers que halieutiques. Depuis les années 70 lorsque les zones économiques exclusives (ZEE), ont consacré des zones de juridiction aux Etats côtiers, le Sénégal a signé énormément d’accords de pêche avec des pays lointains dont l’Union Européenne. Le but des ces accords était de doter le Sénégal d’un apport budgétaire substantiel favorisant le développement économique et social, mais au final ces accords ont détruits les capacités de la pêche nationale. La pêche occupe une place importante dans l’économie du Sénégal. Elle fait travailler des millions de Sénégalais, contribue à la création de richesses du pays et nourrit toutes les populations vu que notre cuisine est principalement à base des produits de la mer.
En lieu et place de la promotion d’une pêche nationale et durable, le Sénégal privilégie les accords internationaux pour une raison budgétaire et aucune mesure d’accompagnement efficace n’est mise en place pour soutenir tous les acteurs de la filière. De nombreux accords de pêches signés avec des pays lointains, et des licences de pêches octroyées à des armateurs internationaux ont engendré des pertes substantielles pour le Sénégal en raison d’un manque de patriotisme de certains de nos négociateurs corrompus qui préfèrent leurs rétrocommissions à la défense des intérêts du Sénégal. Tout le monde se souvient des fameuses licences de pêche accordées à Taïwan et des responsables de ce deal sont toujours au cœur des affaires de la République.
Depuis nos indépendances, nous sommes incapables de doter notre pays d’une flotte de pêche industrielle digne de ce nom. Le Sénégal un pays de pêche avec presque 500 km de côte sur la façade atlantique, l’une des mers les plus poissonneuses au monde, est obligé maintenant de quémander chez ses voisins des quota de pêche pour permettre à ces artisans-pêcheurs d’avoir quelque tonnes de poissions par année. Le Sénégal a conclu plusieurs accords de pêche bilatéraux avec la Mauritanie, la Gambie, le Cap-Vert et la Guinée Bissau. Des pourparlers sont en cours avec la Guinée Conakry et la Sierra Leone.
Nous à Un Autre Avenir, nous pensons impératif la renégociation de tous les accords de pêche signés avec les pays lointains et les armateurs internationaux et en suite, il faut privilégier notre pêche nationale au lieu de vendre notre mer pour combler des budgets en enrichissant au passage des négociateurs corrompus.
Un Autre Avenir