Macky Sall acte 2, roi fainéant ou « despote éclairé » ?

23 - Avril - 2019

Un vieil adage nous enseigne que « tout pouvoir corrompt » et que le pouvoir absolu corrompt absolument. Macky Sall n’échappe pas à la règle. Si au cours de son récent septennat il n’a pas manqué de favoriser ses proches en les nommant à des postes clés, la présentation du nouveau gouvernement nous enseigne qu’il entend désormais disposer seul du pouvoir partant du principe « qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même ».

Si le chef de l’Etat vient en effet de reconduire Mohammad Dionne comme premier ministre c’est pour mieux l’évincer d’ici quelques semaines, voire quelques mois, le temps pour l’assemblée nationale d’avaliser cette réforme constitutionnelle. Une de plus ! Ou plutôt un nouveau tripatouillage. Et cette fois-ci à son bénéfice exclusif.

Les moins jeunes se souviennent qu’en 1963 Léopold Senghor avait lui-même supprimé le poste de Président du conseil, l’équivalent de celui de Premier ministre, (alors occupé par Mamadou Dia) afin de recentrer les pouvoirs au niveau de sa présidence. Senghor avait alors cumulé les deux responsabilités.

Plus tard, en 1983, un scénario presque identique s’était présenté avec la décision d’Abdou Diouf qui entendait privilégier le rôle et la prééminence de Jean Collin son tout-puissant secrétaire général de la Présidence. De cette période Diouf a hérité du surnom peu flatteur de « roi fainéant ».

Macky Sall, en nommant aujourd’hui Dionne ministre d’Etat et secrétaire général de la Présidence, un costume taillé sur mesure XXL, ne vise pas le même objectif. Le sien est plutôt de s’accaparer les pleins pouvoirs en « présidant » et en « gouvernant », ce cumul mettant fin au partage des postes généralement en vigueur dans un régime parlementaire. On risque d’assister désormais à une hypertrophie des pouvoirs ceux-ci étant concentrés entre les mains d’un seul homme, par ailleurs chef de parti.

Et il y a fort à parier que Macky Sall aspire à devenir comme Senghor un président hyperpuissant et non comme Diouf un roi fainéant. Accessoirement aussi l’actuel chef de l’Etat, à peine réélu pour cinq ans, s’assure déjà à une possible réélection en 2024 en éliminant un potentiel rival dans ses rangs, en l’occurrence Dionne. Chacun sait en effet que tout Premier ministre ne rêve que d’une chose en se rasant le matin : de devenir à son tour président de la République.

Ibrahima Thiam,
Président d’UN AUTRE AVENIR

Dernières actualités :

13 - Avril - 2025

Chers compagnons de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail, chers amis,

En me tenant devant vous aujourd’hui, je ressens à la fois une immense gratitude, une profonde humilité et un sens aigu de la responsabilité. Gratitude, d’abord, envers vous toutes et tous, qui avez placé votre...

19 - Mars - 2025

Une loi d’amnistie qui entrave la concorde nationale

Force est de reconnaître que le tandem Diomaye-Sonko persiste à manœuvrer dans l’opacité à propos de l’amnistie, un sujet pourtant des plus sensibles, ressenti comme tel par tous nos compatriotes...

15 - Mars - 2025

La liberté d’expression bâillonnée ?

Depuis l’annonce de la sortie de mon dernier ouvrage « Diomaye – Sonko, les frères siamois » et la publication dans la presse de quelques bonnes feuilles je suis l’objet d’attaques et de menaces...

10 - Mars - 2025

DIOMAYE - SONKO, les frères siamois

Depuis leur arrivée au pouvoir, Diomaye et Sonko promettaient une rupture historique. Mais au bout d’un an, une question s’impose : espoir de renouveau ou simple illusion ?   Préface de Alioune Tine, Fondateur...

08 - Mars - 2025

DIOMAYE - SONKO, les frères siamois

L’arrivée du duo Diomaye-Sonko, porté par un vent de rupture et des promesses audacieuses, a secoué le paysage politique. Promettant justice, transparence et transformations radicales, ils ont conquis un électorat en...