Une inquiétante vague de démissions. Après Ibrahima Thiam, coordinateur des fédérations d’Europe ; Ibrahima Wade, coordinateur du Benelux ; c’est autour de Fatoumata Chérif Dia, candidate sur la liste de la Coalition Gagnante dans le département Europe du Nord, du Centre et de l’Ouest, lors des législatives du 30 juillet dernier, d’annoncer sa démission de Bokk Gis Gis. Un divorce qui s’expliquerait notamment par l’ingratitude du président Pape Diop à son égard.
« C’est avec tristesse et soulagement que je vous adresse aujourd’hui ma (…) démission », écrit-elle dans une lettre dont copie a été transmise à Infos15.
« Je quitte le parti avec le sentiment du devoir accompli, même si je ressens une certaine frustration dans le sens où vous avez manifesté à mon égard une totale indifférence. Le parti s’est uniquement contenté de m’investir comme candidate à la députation sans me donner les moyens afférents à cette campagne. La coalition gagnante en France a payé le prix fort lors de ces dernières élections législatives », explique-t-elle.
« Nul ne peut imaginer les difficultés, les privations et les sacrifices pour mener une campagne législative dans de telles conditions. Monsieur le Président, un seul de coup de fil d’encouragement ou de félicitations m’aurait simplement suffi. Militante de première heure en France, je me suis dévouée corps et âme pour le parti. En retour, je ne demande pas de la reconnaissance mais de la considération et du respect », fait-elle savoir.
Visiblement très déçue par le comportement du président de son ex-parti, Fatoumata Chérif Dia d’ajouter : « Mais lorsque je fais un point d’étape de mon expérience politique au sein de BOKK GIS GIS, je ne peux que déchanter et éprouver une profonde désolation. Il suffit de regarder avec un peu de lucidité la réalité du fonctionnement des instances du parti pour le comprendre. D’autres l’ont d’ailleurs déjà dit bien avant moi. »
« A force de ne pas prendre son destin en main, le parti bat de l'aile et n'est pas loin de l'implosion », déplore la démissionnaire.
Sur son avenir, elle dira : « Mon combat va se poursuivre désormais sous d’autres formes et ailleurs, avec le même rêve et la même passion de voir mon pays le Sénégal sortir de l'ornière. »
Une question coule de source après cette vague de démissions: Pape Diop a-t-il renoncé à son ambition de diriger le Sénégal ?
La question fait sens d’autant que le président de Bokk Gis Gis donne l’impression de s’endormir sur ses lauriers, cela à quelques mois de la présidentielle de 2019. Car son parti, qui avait réussi à entrer dans la cour des grands, en France, est en train d’arpenter le chemin inverse. Ce qui laisse penser que si la présidentielle avait lieu aujourd’hui, Pape Diop serait dans la catégorie des candidats ramasse-miettes, en France. A cause de son incapacité de trancher le différend qui opposait des responsables de la fédération de France, il avait aussi perdu beaucoup de militants. Manifestement, ces départs n’ont pas suffi à lui ouvrir les yeux, car Pape Diop est à présent en train de perdre les ténors de son parti à cause « de son manque d’ambition », mais aussi de son ingratitude supposée.
Cheikh Sidou SYLLA