Conquérir le pouvoir, restaurer les valeurs dans le microcosme politique sénégalais, se démarquer des pratiques politiques des « partis usés jusqu’à la corde », faire en sorte que le Sénégal entre « enfin dans le 21e siècle », tels sont, entre autres, les chantiers herculéens du mouvement politique « Un Autre Avenir », dévoilés lors d'une conférence de presse, mercredi 1er novembre, à Paris.
C’est dans un quartier huppé de la capitale française, avenue des Ternes, dans le 17e arrondissement de Paris, que le mouvement politique « Un Autre Avenir », a tenu sa première conférence de presse. Dans la salle, le noyau dur du mouvement, des partis politiques de l’opposition, des « amis » français du président Ibrahima Thiam, mais aussi les membres de sa famille.
« Nous vous avons appris voici quelques temps, le lancement de notre mouvement Un Autre Avenir. Il ne faut pas y voir là un nouveau parti politique sénégalais, le 267e car nous entendons précisément nous démarquer de ceux-ci. (…), a d’emblée précisé Ibrahima Thiam.
Pour nous, le temps des partis familiaux, claniques trop souvent à l’origine du népotisme est révolu, a-t-il ajouté.
(…) Ces partis sont usés jusqu’à la corde comme beaucoup de leurs dirigeants, véritables dinosaures de la politique, a estimé Ibrahima Thiam. »
A l’en croire, le mouvement qu’il préside veut « rompre avec ces multirécidivistes de la politique qui pensent que le pouvoir est leur propriété et dénient à quiconque le droit de le partager ».
« Les Sénégalais attendent de nouvelles structures démocratiques et un renouvellement générationnel de leurs dirigeants.Ils attendent que des jeunes hommes et femmes, animés d’un désir profond de servir leur pays, puissent accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat. Qu’ils servent leur pays et non pas qu’ils se servent dans les caisses ! », a martelé l’ancien président de la fédération Bokk Gis Gis de France.
Restaurer les valeurs dans le microcosme politique sénégalais est, selon M. Thiam, un passage obligé pour mettre le Sénégal sur les rails du développent. Au cours du face-à-face avec les journalistes, il n’a pas manqué de faire de l’œil aux électeurs d’autant que les changements que son mouvement prônent ne peuvent prospérer sans le soutien des Sénégalais, notamment ceux qui croupissent dans les profondeurs de la misère. Soutenez-nous car notre projet répond à vos attentes, a-t-il laissé entendre. De président du mouvement « Un Autre Avenir », Ibrahima Thiam est devenu, le temps de la conférence de presse, le porte-voix des Sénégalais qui réclament le changement. « De ces nouveaux responsables politiques qui gouverneront le pays demain, ils (les Sénégalais, Ndlr) attendent des signaux forts qui amélioreront leur vie quotidienne. Ils attendent d’eux une authentique démocratie participative où le peuple à son mot à dire. Ils attendent des projets ambitieux sur le plan social pour une meilleure justice entre les différentes couches de la population sénégalaise. Ils attendent d’eux que le Sénégal soit un modèle de réforme sociale. Ils attendent qu’on libère les énergies sur le plan économique en favorisant le désir entrepreneurial exprimé chaque jour par des jeunes de plus en plus nombreux. Ils attendent qu’une démarche de moralisation de la vie politique et publique soit entreprise afin de bannir les nominations de complaisance, en famille ou entre amis (…) », a-t-il dit.
« Seule une offre politique nouvelle qui tourne résolument le dos a un système archaïque, sur la base de pratiques volontaires et novatrices, attachée à des comportements éthiques tant en ce qui concerne les dirigeants, les élus que les fonctionnaires peut permettre [une] transformation en profondeur.
Pour cela, a-t-il poursuivi, nous entendons donner un nouveau souffle au Sénégal, un souffle qui traversera le pays du Nord au Sud et d’Est en Ouest en balayant sur son passage les pratiques d’un autre âge, en associant, rassemblant, fédérant toutes les bonnes volontés, sans exclure qui que ce soit. Un nouveau souffle qui emportera, nous en sommes convaincus, l’adhésion d’un très grand nombre de nos compatriotes. Un nouveau souffle qui leur redonnera confiance dans les institutions et envers un personnel politique rajeuni et renouvelé. Un nouveau souffle qui permettra au Sénégal d’entrer enfin dans le 21e siècle. »
A en croire Ibrahima Thiam, « Un Autre Avenir » va s’opposer au pouvoir de Macky Sall. Mais ce sera « une opposition éclairée et constructive ». « Nous récusons toute opposition systématique. L’opposition passe son temps à dénoncer, nous, nous voulons apporter des propositions, participer aux débats qui intéressent les Sénégalais. C’est la raison pour laquelle nous voulons nous inscrire dans une opposition éclairée et constructive. Nos compatriotes veulent aujourd’hui des hommes politiques qui font des propositions pour sortir notre pays de la crise », a argumenté M. Thiam.
Cela dit, l’histoire politique du Sénégal enseigne que d’autres Sénégalais, qui nourrissaient l’ambition de transformer qualitativement le pays, s’étaient aussi accrochés sur les thèmes de bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption, de la méritocratie…pour élargir les bases de leurs partis ou mouvements respectifs. Ibrahima Fall, lors de la présidentielle de 2012 ; Ousmane Sonko et Mamadou Sy Tounkara, lors des législatives de juillet 2017, la liste n’est pas exhaustive. Les Sénégalais avaient visiblement adhéré à leurs thèmes de campagne. Résultat des courses : ils sont restés dans la catégorie des candidats ramasse-miettes. Alors quelles stratégies « Un Autre Avenir » envisage-t-il de mettre en place pour inverser la tendance ? « La majorité des Sénégalais veut le changement. Les partis politiques qui achètent les consciences ne représentent pas 7% de la population. Nous croyons que nous serons l’exception à la règle », a répondu Ibrahima Thiam. « Un parti politique doit avoir une base populaire, sans cela, il ne doit pas espérer arriver au sommet. Souvent, les gens ont de bonnes idées et se mettent ensemble pour lancer un parti politique. Mais ils ne prennent pas le temps de commencer le travail à la base. Voilà pourquoi ils ne récoltent pas de bons résultats lors des élections. Nous, nous avons appris la leçon, c’est la raison pour laquelle nous avons pris l’engagement de nous focaliser sur le terrain, de nous implanter dans les coins et recoins du Sénégal et de la diaspora », a complété Ibrahima Wade, secrétaire général du mouvement.
Auparavant, Fatoumata Chérif Dia, vice-présidente du mouvement, avait dénoncé le sort réservé aux jeunes et aux femmes sénégalais, deux catégories sociales qu’elle a considérées comme les principales victimes de la mal gouvernance dans notre pays.
Le lancement officiel du mouvement aura lieu en décembre prochain, à Dakar, a révélé Ibrahima Thiam.
Cheikh Sidou SYLLA
Info15.com