Il y a quelques jours, le nouveau ministre de l’intérieur Aly Ngouille Ndiaye, lançait un appel au dialogue en direction des partis de l’opposition et de la société civile sénégalaise. Nous nous en réjouissons car c’est comme si notre lettre ouverte adressée au président de la République, au lendemain de la proclamation des résultats officiels des élections législatives par le Conseil Constitutionnel, avait reçu un écho favorable de la part du gouvernement.
Mais pour mieux structurer un dialogue et espérer le réussir, il faut au préalable identifier les parties prenantes, définir l’objet du dialogue, donner des gages qui prouvent le sérieux et l’engagement des uns et autres et enfin déterminer les résultats souhaités et le timing pour y arriver.
A la lecture des communiqués de presse informant sur l’appel du ministre, nous pouvons espérer que cette fois-ci, le dialogue semble inclusif et le ton plus respectueux envers l’opposition. Nous pouvons alors dire que la cible est bien visée par le ministre de l’intérieur et qu’il se démarque d’une certaine attitude qui consistait à tout faire pour réduire l’opposition à sa plus simple expression.
Les objets sur lesquels, un dialogue doit se faire entre pouvoir et opposition, sont multiples et variés. A notre avis, pour plus d’efficacité, il faut mettre sur la table les questions les plus urgentes, quitte à créer après une structure permanente de dialogue qui se pencherait sur tous les points de blocage entre pouvoir et opposition. Mais en ce moment, les questions les plus importantes se situent au niveau du fichier et du processus électoral, dans les dossiers judiciaires impliquants des hommes politiques, dans la gestion des ressources et finances publiques et les questions relatives aux politiques à mettre en place pour prendre en charge les vraies préoccupations des Sénégalais. Il faudrait avant d’organiser la rencontre officielle et au plus haut niveau, travailler avec l’ensemble des acteurs sur les sujets de discussion et ne pas organiser une messe au cours de laquelle, de beaux discours vont se faire avec les meilleures intentions du monde et qu’au final rien de bien concret n’en sortirait.
Il n’est pas souhaitable dit-on de poser des conditions au préalable d’une entame de dialogue si on veut y installer une atmosphère apaisée. Mais certains actes posés par les uns et les autres peuvent donner des gages d’une certaine volonté de réussir le dialogue. En ce moment, le gouvernement aurait tout à gagner en posant des actes forts qui prouveraient à l’opposition et à la population qu’il est vraiment dans de bonnes dispositions pour enfin apaiser les tensions politiques dans le pays.
Après les événement de 1988, Me Wade, feu Boubacar Sall et d’autres militants de l’opposition, ont été arrêtés et condamnés à des peines de prison. Suite à cela, le pays était continuellement en ébullition, et en état d’urgence permanent. Mais à la veille de la fête de korité, le président Diouf signa la fin de l’état d’urgence et une proposition de loi d’amnistie de Me Wade introduite à l’Assemblée Nationale ; ce qui lui a permis de recouvrer sa liberté, ainsi que tous ceux qui ont été arrêtés avec lui. Plus tard, il entra même dans le gouvernement de Diouf et le pays s’est remis de ces événements qui pouvaient saper ses fondements.
Aujourd’hui, nous pensons que le gouvernement de Macky Sall devrait faire de même envers tous les acteurs politiques emprisonnés ou ayant maille à partir avec la justice dans un but d’apaisement, ce qui est nécessaire pour la mise en place de vraies politiques de développement.
Le Sénégal a toujours été cité en exemple de démocratie dans le monde et était parmi les moteurs de l’économie dans l’espace CDEAO. Les résultats de ce dialogue devraient dès lors nous permettre de maintenir cette place qui positionne le Sénégal dans le top des pays africains qui mobilisent plus les investissements étrangers et attirent davantage de touristes et autres institutions internationales.
Notre formation Un Autre Avenir souscrit totalement à ce dialogue, si et seulement, il est organisé pour prendre en charge les préoccupations des Sénégalais. Mais nous nous y opposons s’il est considéré par le gouvernement comme une nouvelle trouvaille pour encore diviser l’opposition ou énième appel du pied à l’endroits d’opposants avides de postes ou de sinécures qui cherchent la belle occasion pour entrer dans le gouvernement.