« Établissement d’un véritable régime démocratique, lutte contre la corruption, promesse d’une transition politique apaisée et transparente » tels sont quelques-uns des objectifs avoués de la junte militaire qui a pris le pouvoir ces dernières semaines au Mali à la suite d’un coup d’État. C’est un langage qu’on a déjà entendu trop souvent en Afrique. À supposer que les intentions soient sincères encore faut-il les mettre en application.
Nous connaissons bien en effet ce refrain, il est toujours le même. Ainsi dans le cas du Mali celui-ci renoue avec ses vieux démons. Après Modiba Keïta, Moussa Traore, ATT et aujourd’hui IBK, le « néo-colonellisme » est le seul marqueur de la gouvernance malienne. A chaque fois on observe la même chose les militaires se montrent incapables de défendre l’intégrité territoriale et préfèrent s’adonner à leur exercice favori, à savoir les putschs !
Les partisans du Mouvement du 5 Juin, qui regroupe le Rassemblement des forces patriotiques du Mali (M5-RFP) et les fidèles de l’influent imam Mahmoud Dicko, ont considéré ce coup de force des militaires comme une libération du peuple. Pour eux les putschistes ont voulu mettre fin à un régime défaillant et proposer une transition militaire censée permettre d’instaurer une démocratie « véritable ». Mais, au-delà de cette rhétorique cette stratégie dévoile avant tout un sentiment d’instabilité récurrent de la vie politique malienne.
Le coup d’État marque aussi, et c’est très grave, une rupture avec l’ordre constitutionnel. Des voix s’élèvent ici et là pour réclamer le respect de la constitution et dénoncent les chefs d’Etat qui tripatouillent honteusement la constitution à seule fin d’obtenir des mandats à vie et de se maintenir au pouvoir ad vitam aeternam. Il est tout aussi important de dénoncer les putschistes qui ont recours à la force pour s’emparer du pouvoir et violent ainsi la constitution.
Dans les pays africains, à l’instar des autres nations démocratiques, la constitution doit être placée au plus haut de la hiérarchie des normes. Celle-ci jouit en effet d’un caractère sacré et inviolable. Force est de constater cependant que la plupart des Etats du continent est souvent atteint du syndrome de révisions constitutionnelles. Les exemples sont légions : La Côte d’ivoire, La Guinée, Le Rwanda, Le Congo Brazzaville, Le Bénin, le Burkina Faso, Le Sénégal, ….
La révision, ou la modification de la constitution d’un Etat, est un acte important auquel on ne peut recourir que lorsque l’intérêt primordial de la nation l’exige. La stabilité des institutions républicaines, et par voie de conséquences le respect des instances internationales, interdit de se livrer à des manipulations à des fins personnelles ou électoralistes. Il en va de la dignité de chaque chef d’Etat et de l’honneur d’une nation.
C’est la raison pour laquelle je souhaite que le président Macky Sall ainsi que certains de ses pairs africains, renoncent à ce genre de tentation pour s’inscrire dans une réelle tradition démocratique.
Ibrahima THIAM,
Président du mouvement Un Autre Avenir