Avec le développement de l’affaire liée au marché du pétrole avec la société Pétro Tim, on peut désormais parler d’un « Aliou Sall Gate » tant l’implication du frère du chef de l’État est désormais l’objet de tous les regards, de toutes les attentions.
C’est à ce point qu’on peut se demander à quel moment « Monsieur frère » va être entendu par les services qui enquêtent aujourd’hui à la demande de Serigne Bassirou Gueye, le procureur général près de la cour d’appel. La justice, pas seulement elle, l’opinion publique, les médias attendent ses explications. Le magistrat a saisi la division des investigations criminelles afin d’établir toute la lumière et nous espérons que ses instructions aboutiront à la manifestation de la vérité. Ce serait aussi la preuve d’une indépendance du parquet par rapport au pouvoir, ce qui a été loin d’être toujours le cas. Peut-être même s’agirait-il d’une grande première.
Il est d’ailleurs cocasse de voir qu’au moment ou le Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations du Sénégal, M. Aliou Sall, est mis en cause par une enquête de la BBC, celui-ci envisage de saisir le médiateur de la chaîne Britannique en mettant en cause les journalistes sur la « fiabilité de leurs informations ». On croirait revivre un remake de l’arroseur arrosé, dans la célèbre série télévisée Dinama Nekh.
Il est non moins cocasse de voir qu’au moment où est révélé un scandale d’État, la section de recherche de la gendarmerie nationale semble se préoccuper davantage de « la divulgation du rapport de l’IGE (Inspection générale d’Etat) qui comme par hasard préconisait, dès 2012, le retrait des permis octroyés à la société de l’homme d’affaires roumain Frank Timis. Que n’a-t-on suivi les conclusions de ce rapport voici 7 ans ! En agissant ainsi, l’IGE n’a fait qu’accomplir son devoir, au nom de la transparence des marchés publics.
Il serait bon également que l’association internationale ITIE (Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives) qui établit la norme mondiale pour une gouvernance ouverte des ressources pétrolières et gazières et qui rassemble 51 pays à travers le monde, interpelle les autorités sénégalaises sur la pertinence des décrets signés en juin 2012 entre l’Etat du Sénégal et la compagnie PETRO-TIM et demande quel est le rôle exact joué par M. Aliou Sall dans le cadre de la signature de ce marché.
C’est le sens de la demande, que j’adresse ce jour, en ma qualité de président du mouvement d’opposition Sénégalais Un Autre Avenir à Monsieur Frederik Reinfeldt, président du conseil d’administration d’ITIE.
Cette histoire n’en est qu’à ses débuts et nous promet de multiples rebondissements. Reste à savoir maintenant jusqu’à quand la position de M. Aliou Sall restera tenable, autrement dit pendant combien de temps son frère, M. Macky Sall, récemment réélu chef de l’Etat, va pouvoir le soutenir. Un vieux proverbe chinois nous enseigne que le poisson pourrit par la tête et si les soupçons de corruption sont confirmés à l’égard de M. Aliou Sall, c’est bien la présidence de la République qui sera atteinte.
Président d’UN AUTRE AVENIR